"La pesanteur et la grâce, autour de Résistance d’Alain Kirili "
du 14 au 22 mai 2011, inauguration le samedi 14 mai à 19h30, exposition des étudiants de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon : Jérémie Brugidou, Ariane Carmignac, Morgane Furic, Karim Kattan, Paul Ruellan et Jennifer Thiault.
Alain Kirili a offert la possibilité aux étudiants de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon d’assister à la pose d’une sculpture monumentale que Michel Destot, maire de Grenoble, lui a commandée. Installée le 3 février 2011 dans le parc Paul Mistral, cette sculpture, intitulée Résistance, entend rendre hommage aux hommes et aux femmes qui ont participé à la Résistance grenobloise. Composée de quatorze blocs de plus de trente tonnes chacun, la sculpture a été posée à l’aide de grues qui ont permis à l’artiste d’effectuer, selon ses propres termes, “un dripping sculptural”. En effet, sans plan préétabli, Kirili a procédé à l’installation de ces blocs en laissant une grande place à l’improvisation, considérant les grues comme une extension de sa main. De la sorte, le chantier se fait gestualité, et l’artiste peut expérimenter dans une dimension monumentale le fa presto qu’il affectionne dans sa pratique de la terre cuite ou de la forge du métal. En cela, Kirili aime rappeler que la pose de Résistance coïncide avec le centenaire de la publication de Du Spirituel dans l’art de Vassily Kandinsky, où celui-ci affirme le caractère essentiel de l’improvisation pour les arts plastiques, la “nécessité intérieure”. Selon lui, cette part de hasard constitue l’un des points de rencontre possibles entre activité créatrice et engagement politique : il s’agit à chaque fois d’une prise de risque. De façon en apparence paradoxale et radicalement nouvelle dans l’histoire de l’art, Résistance se présente donc comme un monument synonyme de légèreté, de pulsion et d’euphorie dionysiaque, qui accorde un rôle décisif au moment privilégié, au “kairos”. A cet égard, l’emploi de la pierre “Rose de Bourgogne” est déterminant : ce matériau nourri de vigne confère à la sculpture une dimension de forte incarnation ; la pierre se fait chair. De la sorte, loin d’être écrasant, le monument entend rester humain, en invitant à un contact rassurant et charnel. En cela, Kirili rend hommage à la pulsion de vie qui, selon lui, caractérise l’action de la Résistance, au-delà de tout clivage politique : l’insurrection des consciences relève avant tout d’un désir de bonheur, d’une ivresse de la vie, qui anime également l’acte de création artistique spontané. La sculpture monumentale Résistance se présente donc comme une expérience tactile et sensible avant tout, comme une célébration joyeuse et incarnée. S’érigeant contre la morbidité et le désenchantement que Kirili attribue au puritanisme et à l’ère du kitsch, Résistance démontre la portée toujours actuelle du geste optimiste des Résistants. Dans cette optique, son caractère abstrait joue un rôle essentiel : aux antipodes des expérimentations sculpturales minimalistes, dont Kirili combat la dimension puritaine, cette abstraction n’entend pas se couper du corps. Au contraire, elle traduit des pulsations vitales, des rythmes archaïques et originels profondément ancrés dans le corps. En cela, Kirili compare la réalisation de ses sculptures sérielles abstraites aux variations emportées et improvisées du free jazz.
En suivant l’installation de Résistance, les six étudiants inscrits à la masterclass ont pu réfléchir sur le terrain à tous les enjeux que cette sculpture présente, qu’il s’agisse de la question de la monumentalité et de l’espace public ou de la rencontre possible entre création artistique et action politique.
Le fruit de leurs interrogations a donné lieu à différents travaux plastiques, dont le matériau a été fourni durant la pose : deux films dont un diffusé sur un triptyque d’écrans, un panorama photographique de 2.70 m sur 30 cm, un ensemble de quinze photographies, une bande sonore mêlant free jazz et bruits de chantier, une création tapuscrite. Ces travaux seront montrés du 14 mai au 22 mai dans le Hall d’Honneur de la Mairie de Grenoble, dans une exposition intitulée “La pesanteur et la grâce : autour de Résistance d’Alain Kirili”. L’ouverture de cette exposition coïncidera avec l’inauguration officielle de Résistance et le début d’une exposition de dessins d’Alain Kirili au Musée de Grenoble. L’exposition sera accompagnée d’une publication ainsi que d’un site web, qui bénéficiera d’une actualisation permanente.
Ada Ackerman et David Gauthier
Plus d’informations : le site de l’artiste : http://www.kirili.com/
Le site de la ville de Grenoble : http://culture.grenoble.fr/TPL_CODE...