La Scène Poétique est un cycle de poésie parlée, adossé au séminaire de poétique comparée. Elle résulte de la collaboration entre Patrick Dubost et le CERCC. Elle ouvre la recherche universitaire sur l’art vivant, concret et actuel.
Elle a pour projet de présenter la création poétique contemporaine à un public élargi, sans exclusive ni a priori partisan, en préservant à l’intérieur de l’ENS un espace de théorisation qui n’est pas séparé de l’activité de création vivante. In situ, elle analyse les productions et propositions et détermine un des espaces dédiés aux Productions Artistiques Théorisées dans le cadre du CERCC.
Notre centre tente ainsi d’ouvrir la recherche universitaire sur l’art vivant, concret et actuel, et pareillement l’art vivant sur les problématiques intellectuelles de sa transmission et des préoccupations de la recherche qu’il rencontre.
Pour en savoir plus sur le PROGRAMME, l’actualité et l’historique de la Scène Poétique à Lyon
EX VOTO POUR UNE SCENE POETIQUE par Eric Dayre et Patrick Dubost
Aujourd’hui s’entend peut-être mieux la nécessité de reconnaître et de comprendre le phénomène poétique par la voix et le corps, et pas simplement dans la lecture solitaire et silencieuse de la page et du livre. D’ailleurs l’écoute et l’observation du phénomène poétique « en scène », en situation de lecture à voix haute ou en « performance » se fait aussi en silence. Dans une salle, le fin silence du « spectateur » vaut pour un certain silence de lecture, mais soudain est proposé le jeu de présence et de retrait, un portrait et un rythme continués, une intellection et une sensation du poète sur scène.
Il est vrai que certains poètes ne comprennent pas que la scène appartient « poétiquement » à la poésie, ou plutôt ils n’accordent pas à leur performance de poser une question nécessaire. Ils lisent, avec en phylactère au dessus de leur tête, un : « je lis, mais cela m’ennuie au fond », « je vous concède une lecture », mais « cela ne convient pas vraiment » ; la lecture n’est qu’une « illustration circonstancielle » de ce que j’écris ; elle n’en est pas l’« événement » central.
Le porte-à -faux de l’élocution, lorsqu’il se révèle, est en soi intéressant et donne à penser au-delà même de la réticence. L’élocution, la diction et l’attitude proposent un monde. Le « poète en lecture » en joue, et le spectateur le sait.
La performance poétique n’est jamais indifférente. Il n’est d’ailleurs jamais simplement question de sa réussite ou de son échec « dramatique », ou plus largement « esthétique ». Ce n’est pas l’« éclat » de la performance qui induit sa pertinence. Les sensations de la lecture sur scène permettent en fait, paradoxalement, de poser la question de ce qui n’appartient pas totalement à la sensation. La performance est paradoxalement un point de rencontre entre quelque chose d’esthétique et quelque chose d’inesthétique : une faiblesse et un risque d’où peut sortir la force qui s’en nourrit et donne un grand moment de lecture qu’on n’oublie pas. Alors on n’oublie pas que l’être-en-présence de la poésie lue ou performée est lui aussi scindé, partagé et départagé. Le texte est à nouveau pesé sur scène, à la proportion d’une salle obscure. La scène est le lieu où la poésie s’interroge sur elle-même, sur son effectuation, sur son effet et la place qu’elle occupe « réellement » ou plutôt « véritablement ». La scène a pour fonction de demander sa part de vérité au réel.
Il y a également des moments, à l’opposé, où la lecture « investie » ne parvient pas à remplacer l’absence d’un texte, où l’on entend dans la voix elle-même la faible prise en compte de ce que peut effectuer le texte écrit en sa disparition illocutoire. La lecture physique n’est donc pas non plus un fétiche en soi. Elle n’est pas le gage d’une densité esthétique où la voix « triompherait » d’une possible (ou quelconque) « inesthétique » ou du silence des lettres. On se tient encore plutôt à l’articulation de la sensation et de ce qui n’est pas elle ; et tout l’intérêt se concentre sur la rencontre, en quelque manière physique, de ces deux opposés.
Une remarque incidente — en rapport au régime de la publicité littéraire actuelle. Pour quelle raison une lecture de poésie, quand bien même elle ne serait qu’illustrative, devrait-elle poser un problème plus grand ou plus grave que celui qu’impose le bavardage fétichisé de ce que Martin Rueff a appelé la « non-poésie des non-poètes » — cette « parole » qui envahit les ondes et les « médias » ? Un poète, même s’il n’aime guère (se) lire, est souvent plus sensationnel qu’un journaliste littéraire.
Est plus nécessaire que jamais peut-être le fait de donner place à une voix, à des voix, un corps et des corps qui font une expérience ou « une scène poétique ». C’est ce qu’affirme en tout cas la tenue régulière des soirées de la Scène Poétique que nous organisons à l’Ecole normale supérieure de Lyon.
Eric DAYRE, Patrick DUBOST
Son programme fait l’objet d ’annonces régulières sur le site et sur la page d’accueil de l’ENS de Lyon.
- 11 mai 2011 : Anas Alaili et Saleh Diab
- 12 octobre 2011 : Jacques Rebotier et David Christoffel
- 23 novembre 2011 : Fiona Sampson, Stephen Romer et Valérie Rouzeau
- 14 décembre 2011 : Lucien Suel et Julien d’Abrigeon
- 25 janvier 2012 : Jean-Michel Espitallier et Jean-Pierre Bobillot
- 29 février 2012 : Sandra Moussempès et Annie Zadek
- 17 octobre 2012 : Emmanuelle Pireyre et Virginie Poitrasson
- 5 décembre 2012 : Patrick Laupin et Roger Dextre
- 16 janvier 2013 : Soirée "Poésie active"
- 13 mars 2013 : Soirée "Poésie sonore"
- 3 avril 2013 : Pierre Tilman et Frédérick Houdaer
- 16 octobre 2013 : Anne-Laure Pigache et Sébastien Lespinasse
- 27 novembre 2013 : Annie Salager et Jacques Ancet
- 29 janvier 2014 : Marie Huot et François Montmaneix
- 26 mars 2014 : Laure Morali et Joël Vernet
- 23 avril 2014 : Elke de Rijcke et Patrick Beurard-Valdoye
- 21 mai 2014 : Isabelle Sbrissa et Jean Daive
15 octobre 2014-443 : Edith Azam et Claire Rengade
- 5 novembre 2014 : Bernard Noël et Jean-Luc Bayard
- 11 février 2015 : Eugène Durif et Gilles Jallet
- 11 mars 2015 : Natyot et Pierre Soletti
- 8 avril 2015 : Nuno Judice et Jacques Ancet
- 13 mai 2015 : Serge Pey et Mohammed El Amraoui
- 18 novembre 2015 : "Huit poètes"
- 17 février 2016 : Guillaume Artous-Bouvet et Claude Ber
- 16 mars 2016 : Pierre Parlant, Emmanuel Laugier, Benoît Casas, Jean-Patrice Courtois
- 6 avril 2016 : Chistophe Manon et Lucie Taïeb
- 4 mai 2016 : Nicolas Pesquès et Habib Tengour
- 19 octobre 2016 : Antoine Boute et Les soeurs Martin
-30 novembre 2016 : Pauline Catherinot & Nicolas Vargas
- 15 février 2017 : Jean-Paul Klée & Samantha Barendson
- 15 mars 2017 : Vanina Maestri, Jean Michel Espitalier & étudiants de l’ENSBA
- 3 mai 2017, Scène Poétique : 18h30 salle Kantor, Jacqueline Merville et Emmanuel Venet
- 11 octobre 2017 : Claude Yvroud et Franck Smith La Scène Poétique cycle de poésie parlée
- 6 décembre 2017 : Pierre Guéry et Béatrice Brérot
- 31 janvier 2018 : Charles Pennequin, Katia Bouchoueva
10 octobre 2018 : Dominique Quélen et Christophe Petchanatz
21 novembre 2018 : Claude Favre & Jean-Baptiste Cabaud
16 janvier 2019 : Rémi Checchetto et les élèves de la classe d’écriture de P. Dubost
13 mars 2019 : Michèle Métail, Marie de Quatrebarbes, Christian Steinbacher.
3 avril 2019 : Julien Blaine, A-C.Hello, St. Nowak-Papantoniou+ motif r
29 mai 2019 : Damon, Drouet, Riou
- 29 janvier 2020 : Christian Prigent et Philippe Labaune
18 mars 2020 : Sereine Berlottier & Séverine Daucourt.
15 avril 2020 : Gérard Cartier et Brice Bonfanti