CERCC

cré­dits : Asja Saüler

Le dépar­te­ment des arts compte quatre sec­tions

-  Musique

- Cinéma

- Arts du spec­ta­cle

- Histoire des arts

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Axes de recherche :

Les axes de recher­che dans les dif­fé­ren­tes spé­cia­li­tés de la sec­tion Arts (études théâ­tra­les, études ciné­ma­to­gra­phi­ques, his­toire et scien­ces de l’art, musi­que et musi­co­lo­gie) sont déter­mi­nés par un fait et une hypo­thèse :

* Le fait est qu’une grande part de l’art contem­po­rain se carac­té­rise par un nouage ori­gi­nal entre théo­rie et pra­ti­que de l’art d’une part, des poro­si­tés et des com­bi­nai­sons entre tech­ni­ques artis­ti­ques dis­tinc­tes d’autre part.

* L’hypo­thèse est que l’art contem­po­rain, dans sa nou­veauté même, est informé par les muta­tions artis­ti­ques pro­dui­tes entre les 19e et 20e siè­cles.

Les objets de recher­che et les moda­li­tés d’étude sont tels qu’ils condui­sent à une ouver­ture vers la dimen­sion anthro­po­lo­gi­que des pra­ti­ques artis­ti­ques.

L’ins­ti­tut des Arts tra­vaille sur quatre axes de recher­che :

* pro­ces­sus de créa­tion

* trans­mis­sion de l’art

* art et anthro­po­lo­gie

* épistémologie des dis­cours sur l’art et créa­tion

Chaque axe est sous la res­pon­sa­bi­lité d’un ou de plu­sieurs cher­cheurs de l’Institut (les noms figu­rent à la suite des para­gra­phes de pré­sen­ta­tion). Cependant, le projet géné­ral étant réso­lu­ment trans­dis­ci­pli­naire, tous les cher­cheurs de l’Institut, selon leurs préoc­cu­pa­tions et leurs com­pé­ten­ces, peu­vent être impli­qués dans la conduite et la réa­li­sa­tion de cer­tains des pro­jets par­ti­cu­liers.

Axe 1 : Les processus de création

L’étude des pro­ces­sus de la créa­tion dans les arts de la repré­sen­ta­tion et de l’inter­pré­ta­tion est un champ fécond, qui se carac­té­rise par une double com­plexité : les chan­ge­ments de regis­tre sémio­ti­que (écrit, image, son, geste, etc) ; la nature lacu­naire et indi­recte des objets qui repré­sen­tent le pro­ces­sus (pas de pos­si­bi­lité de dis­po­ser par exem­ple d’une série de « brouillons » comme dans la créa­tion lit­té­raire, et carac­tère second des témoi­gna­ges, sou­ve­nirs, comp­tes-rendus, esquis­ses, cor­res­pon­dan­ces, story boards, etc). Penser l’inven­tion musi­cale : l’exem­ple d’Olivier Messiaen Malgré la noto­riété d’Olivier Messiaen (1908-1992), ses tech­ni­ques de com­po­si­tions ne sont encore connues que par le canal de ses écrits théo­ri­ques, qui ont façonné l’his­to­rio­gra­phie. Cet axe de recher­che pro­pose une étude de l’ate­lier du com­po­si­teur, en ana­ly­sant les dos­siers géné­ti­ques aujourd’hui dis­po­ni­bles, croi­sés avec une relec­ture de sa pro­duc­tion ana­ly­ti­que.

Responsable : Yves Balmer.

Séminaire de recher­che. Projets en cours.

- La genèse de l’inter­pré­ta­tion

Il s’agit de penser la créa­tion artis­ti­que dans le mou­ve­ment qui porte un texte vers la scène. Quoique l’art théâ­tral soit par essence éphémère, il est cepen­dant pos­si­ble de tenter une genèse du tra­vail inter­pré­ta­tif, qu’il s’agisse de la mise en scène pro­pre­ment dite ou de l’inter­pré­ta­tion du comé­dien. Notes de mise en scène, esquis­ses de décor, de cos­tu­mes, ver­sions pour la scène, exem­plai­res anno­tés, mémoi­res, sont autant d’éléments qui per­met­tent d’éclairer la réa­li­sa­tion scé­ni­que d’une œuvre écrite. Il n’y a pas, au théâ­tre, de tra­di­tions pro­pre­ment dites dans les tech­ni­ques d’inter­pré­ta­tion. Il s’agit d’en recons­ti­tuer une his­toire, qui, malgré quel­ques tra­vaux pion­niers, reste pré­sen­te­ment incom­plète et super­fi­cielle, ainsi que de penser les consé­quen­ces du carac­tère hété­ro­gène des traces qui en ren­dent compte. Responsable : Anne Pellois.

- Le jeu et la mise en scène comme pensée : Louis Jouvet

Louis Jouvet est un des plus grands pen­seurs fran­çais dans l’art de l’inter­pré­ta­tion théâ­trale (jeu et mise en scène). Il n’est pas connu comme tel, car il ne fut pas « théo­ri­cien ». Sa pensée est dépo­sée dans les traces de ses mises en scène et de son ensei­gne­ment qui sont pour une grande part iné­di­tes et inex­ploi­tées. La recher­che consiste à pro­duire des ana­ly­ses de cette œuvre, et de les illus­trer par des publi­ca­tions mul­ti­mé­dias (émissions radio­pho­ni­ques, films docu­men­tai­res, livres, etc.). Responsable : Jean-Loup Rivière

- Moments inter­dis­ci­pli­nai­res

Les recher­ches menées dans cha­cune des spé­cia­li­tés condui­ront à des moments trans­dis­ci­pli­nai­res (inter­pré­ta­tion musi­cale/inter­pré­ta­tion théâ­trale, syn­thèse des arts au début du 20e siècle, Honegger / Claudel, Milhaud / Claudel, Kandinsky / Schoenberg, Debussy / Mallarmé, etc.)

Axe 2 : Transmettre l’art

La recher­che sur la trans­mis­sion s’orga­nise selon deux direc­tions. La pre­mière concerne l’iden­tité du geste péda­go­gi­que et du geste créa­teur. En effet, et par exem­ple, le théâ­tre au 20e siècle se carac­té­rise par la conjonc­tion de l’espace de la créa­tion et l’espace de l’école (depuis Copeau pour qui l’entre­prise du Vieux-Colombier était indis­so­cia­ble de l’école qu’il a créée, jusqu’à Vitez qui trou­vait dans l’ensei­gne­ment les res­sorts de son art). La seconde direc­tion concerne l’étude des pro­cé­dés de trans­mis­sions non lin­guis­ti­ques, de trans­mis­sion indi­recte. L’étude de la fonc­tion du corps et du geste dans ce pro­ces­sus y est pré­pon­dé­rante. Outre sa néces­sité intrin­sè­que, cette étude s’appuie sur ce fait his­to­ri­que et ins­ti­tu­tion­nel qui voit se déve­lop­per les liens entre pra­ti­que et théo­rie, entre écoles d’art et établissements uni­ver­si­tai­res. Cette étude concerne essen­tiel­le­ment les arts d’inter­pré­ta­tion, théâ­tre et musi­que. Elle doit abou­tir à l’élaboration d’outils théo­ri­ques pro­pres à qua­li­fier la valeur de l’inter­pré­ta­tion

Cette réflexion per­met­tra entre autres de s’inter­ro­ger sur la ques­tion de la fonc­tion du corps dans le pro­ces­sus de trans­mis­sion. Le corps est-il à même de trans­met­tre un savoir qui se pas­se­rait de la parole ? Le corps est-il capa­ble de rece­voir un savoir qui ne soit pas de l’ordre de la repro­duc­tion ? Mais aussi, quelle est la rela­tion entre le corps de l’inter­prète et son ins­tru­ment / per­son­nage / maté­riau / médium ? Elle conduira également à une réflexion métho­do­lo­gi­que d’ampleur, condui­sant à la créa­tion de nou­veaux outils théo­ri­ques : com­ment penser la valeur d’une inter­pré­ta­tion musi­cale, dra­ma­ti­que, ou cho­ré­gra­phi­que ? Comment s’extraire d’une cri­ti­que d’admi­ra­tion (du vir­tuose, de la star) pour tendre à une objec­ti­vité de l’ana­lyse de l’inter­pré­ta­tion ?

Cette étude se fera selon une double pers­pec­tive : his­to­ri­que, en pre­mier lieu (moda­li­tés de la trans­mis­sion artis­ti­que à partir de docu­ments écrits, visuels ou sono­res, tout au long du 20e siècle ; émergence de nou­vel­les figu­res com­po­si­tes telles que l’inter­prète théo­ri­cien, les pra­ti­ciens qui écrivent sur leur art, le met­teur en scène péda­go­gue, toutes figu­res qui ren­dent de plus en plus indis­tincte la fron­tière entre théo­ri­ciens et pra­ti­ciens, et posent la ques­tion d’une trans­for­ma­tion de l’acte de trans­mis­sion tout au long du 20e siècle) ; pra­ti­que, ensuite, par l’obser­va­tion d’un cer­tain nombre de situa­tions de for­ma­tion, soit à tra­vers les master class orga­ni­sées à l’école, soit au sein des ins­ti­tu­tions par­te­nai­res qui for­ment des pra­ti­ciens. Ces obser­va­tions seront mises en commun lors de jour­nées d’étude, fai­sant dia­lo­guer pra­ti­ciens et cher­cheurs afin d’en syn­thé­ti­ser les conclu­sions (2011). D’autre part, la créa­tion d’une série de DVD autour des master class sera un sup­port appro­prié pour rendre compte de cette recher­che. Elle cons­ti­tue à la fois une valo­ri­sa­tion d’une étape du tra­vail, ainsi qu’un corpus à étudier pour les cher­cheurs. Cette série devrait être éditée par la col­lec­tion Tohu-Bohu des éditions de l’Ens de Lyon. Responsables : Yves Balmer, Anne Pellois.

Axe 3 : Art et anthropologie

Significations anthro­po­lo­gi­ques des pra­ti­ques théâ­tra­les Les dif­fé­ren­tes cultu­res n’ont pas toutes et pas tou­jours connu l’art du théâ­tre. L’his­toire et la socio­lo­gie ont très bien rendu compte de l’émergence et de la fonc­tion du « moment théâ­tral » d’une culture, mais ce qu’on pour­rait appe­ler sa néces­sité anthro­po­lo­gi­que a été très peu étudiée. L’hypo­thèse de cette recher­che est que la réponse à la raison d’un moment théâ­tral d’une culture est dans les œuvres elles-mêmes, et que la dra­ma­tur­gie (étude d’un texte et de son deve­nir scé­ni­que) peut cons­ti­tuer un cha­pi­tre impor­tant d’une « anthro­po­lo­gie géné­rale ». Responsable : Jean-Loup Rivière.

Axe 4 : Épistémologie des discours sur l’art et création

Il s’agit de défi­nir une phi­lo­so­phie de l’image, axée sur le domaine contem­po­rain, qui s’inté­resse autant à la pein­ture, qu’à la pho­to­gra­phie, au cinéma ou aux per­for­ming arts, et qui asso­cie au ver­sant théo­ri­que des dis­cours théo­ri­ques sur l’art, l’his­toire géné­ti­que des œuvres, l’étude des dis­cours d’artis­tes, et de l’espace de récep­tion des œuvres. Nous sou­hai­tons ouvrir nos ana­ly­ses des œuvres, des formes et des styles sur la réa­lité de la créa­tion contem­po­raine, et sur la récep­tion contem­po­raine des œuvres du passé, leur conser­va­tion patri­mo­niale et leur étude scien­ti­fi­que, afin de nous donner les moyens de cons­truire col­lec­ti­ve­ment un mode d’appré­hen­sion de l’image dans les arts contem­po­rains réso­lu­ment ancrée dans les pro­ces­sus de créa­tion. Une telle épistémologie de l’his­toire de l’art permet de mettre l’étude de la créa­tion en rela­tion avec l’archive des dis­cours, l’ana­lyse des œuvres, de leurs sta­tuts, de leur cir­cu­la­tion pour donner à la théo­rie de l’art l’ancrage empi­ri­que qu’elle réclame.

- Image, concept, créa­tion : penser le cinéma

Le cinéma se pro­pose comme un nouvel objet pour la science de l’art et la phi­lo­so­phie, et trans­forme les enjeux de l’esthé­ti­que depuis sa créa­tion. Nous sou­hai­tons mettre en rela­tion les pro­blé­ma­ti­ques nou­vel­les sus­ci­tées en his­toire de l’art par l’inven­tion du cinéma en étudiant les phi­lo­so­phes (en par­ti­cu­lier Cavell, Deleuze) qui ten­tent de théo­ri­ser ces domai­nes. L’inven­tion d’une nou­velle pra­ti­que artis­ti­que rejaillit en retour sur l’his­toire de l’esthé­ti­que, et sur les pro­blé­ma­ti­ques de la phi­lo­so­phie de l’art. Nous sou­hai­tons mettre les dis­cours des his­to­riens et des cri­ti­ques du cinéma en contact avec les phi­lo­so­phies de l’art, tout en ris­quant la démar­che inverse, qui consiste à sol­li­ci­ter le concours de cinéas­tes qui reven­di­quent aujourd’hui la théo­rie comme un moment de leur tra­vail ciné­ma­to­gra­phi­que (Desplechin, Dardenne, Malick).