CERCC
 

Mercredi 13 novembre : dans le cadre du parcours de recherche-création ENS/ENSPArles. Projection DES ANIMAUX, en présence de l’artiste Christian Milovanoff, suivie d’un débat

Mercredi 13 novembre : Projection DES ANIMAUX, en présence de l’artiste Christian Milovanoff, suivie d’un débat

18 heures : Théâtre Kantor

Intervenant(s)

Christian Milovanoff, artiste débat animé par David Gauthier, cher­cheur asso­cié au CERCC et res­pon­sa­ble de la Recherche-créa­tion (ENS de Lyon)

Dans le cadre de la recher­che-créa­tion ENS de Lyon & École natio­nale supé­rieure de la Photograhie (Arles) 2024-2025, l’artiste Christian Milovanoff pré­sen­tera, dans le cadre d’une master-class aux étu­diants ins­crits à la recher­che-créa­tion ENSPArles /CERCC-ENS, sa tri­lo­gie (films Bureaux, Musées, Animaux) de 14h à 17h.

La séance est ouverte aux étu­dian­tes et étudiants du dé­par­te­ment Lettres et arts et plus (merci d’envoyer un cour­riel à david.gau­thier@ens-lyon.fr.

Christian Milovanoff

Né en 1948 à Nîmes (France) Vit et tra­vaille à Paris et à Arles (France)

Christian Milovanoff étudie la socio­lo­gie et l’eth­no­lo­gie avant de se consa­crer à la pho­to­gra­phie à l’âge de 28 ans. Photographe mais aussi théo­ri­cien et écrivain, il a rédigé plu­sieurs arti­cles sur le cinéma docu­men­taire et publié deux ouvra­ges de fic­tion, Le jardin 1948-1968 et L’ordre. Il a ensei­gné à l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles (ENSP) de 1982 à 2014.

Consultez son par­cours com­plet sur le site inter­net de l’IAC Villeurbanne

Écoutez sa master class au micro d’Aude Lavigne en 2020 sur France Culture (57 min.) L’œuvre : Des Animaux

Présentation Des Animaux par MIchel Poivert, pro­fes­seur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, his­to­rien de la pho­to­gra­phie

« Des Animaux est une œuvre puis­sante et déli­cate, je me dis en ache­vant son vision­nage qu’avec les Bureaux, les Musées (les tableaux), les Zoos for­ment ta grande tri­lo­gie. Portraitiste du tra­vail, de l’art et de l’animal, manière à chaque fois de regar­der le monde, de tenter de l’englo­ber, de le tra­ver­ser plutôt et d’ana­ly­ser nos cos­mo­go­nies, nos rituels, nos désirs. Les Bureaux disaient la fin d’un monde, les Musées l’inté­rio­ri­sa­tion des désirs, les Zoos ont quel­que chose d’une orai­son funè­bre de l’exo­tisme. Avec Des ani­maux, nous voilà au cœur du vivant et au plus proche de la mort d’une civi­li­sa­tion. Des Animaux résonne pro­fon­dé­ment aujourd’hui. J’y vois le deuil anti­cipé des images et des ani­maux. Les images, telle que tu l’entends, moi je dirais les pho­to­gra­phies, sont désor­mais au musée (au zoo de la créa­tion), les ani­maux dans leur insi­gne beauté sont en passe de deve­nir des œuvres d’art, c’est-à-dire des objets rituels. L’his­toire du zoo et du musée c’est aussi dans ton récit l’his­toire de l’enfance, cette fameuse enfance avec laquelle il faut bien un jour se réconci­lier. C’est le tra­vail de la voix. Mais il y des conci­lia­tions au pré­sent impos­si­ble : Des Animaux c’est nous aujourd’hui. Soit l’impos­si­bi­lité de faire tenir l’esthé­ti­que et l’éthique sur une balance sans perdre l’équilibre. Les « exilés", quel terme juste lorsqu’il s’agit de cette beauté en cage ! Des Animaux c’est esthé­ti­que­ment l’inverse Du Sang des bêtes de Franju, parce qu’aujourd’hui l’hor­reur ne dit plus rien de la mort lente dont les zoos nous ten­dent le miroir. La bar­ba­rie s’est habillée de mille beau­tés que l’on croyait pou­voir col­lec­tion­ner, des ani­maux comme des tableaux animés que l’on ver­rait s’éteindre. Des Animaux est un mani­feste ambi­va­lent : s’il faut en finir avec les zoos, cela signi­fie-t-il qu’il faut en finir avec les images ? Du moins avec quel­que chose de l’image qui ne va pas, qui ne va plus. Tu as je crois de l’image une concep­tion issue de la moder­nité bau­de­lai­rienne, une concep­tion noble et tri­viale en même temps, qui a fait que les images ont été la seule vraie ten­ta­tive de démo­cra­ti­sa­tion de l’art. Mais l’art avance là où il n’y a pas d’image. Or, les images ne recu­lent pas devant l’art. Des Animaux a quel­que chose de cette rela­tion impos­si­ble. La beauté des êtres condam­nés à n’être plus que des images ani­mées tient l’art à dis­tance, ici il fau­drait dire la liberté à dis­tance. Les dio­ra­mas, pano­ra­mas et autres dis­po­si­tifs de diver­tis­se­ment dont les zoos sont l’exten­sion au domaine du vivant appa­rais­sent dans leur désué­tude pro­prette qui est celle du moderne, les zoos devraient êtres eux-mêmes col­lec­tion­nés, un zoo de zoos pour dire : voilà le monde des colo­nies, lors­que tout a com­mencé, lors­que le grand par­tage du monde entre les puis­sants s’est pro­duit, lors­que les savants nom­maient les êtres, la com­pli­cité des Lumières et de l’ombre des domi­na­tions. Des Animaux – cette col­lec­tion de zoos – est une œuvre sur l’appro­pria­tion et sur l’escla­va­gi­sa­tion de la beauté. C’est la fres­que d’une civi­li­sa­tion qui s’éteint, et nous sommes dans cette fres­que, les enfants de ce monde qui s’achève, les écrans noirs du film sont nos pau­piè­res qui peu à peu se fer­ment, et nous seront recou­verts par l’odeur des litiè­res. »

Entrée libre, en fonc­tion des places dis­po­ni­bles (sans ins­crip­tion, jauge de 140 places).