Cette master class, encadrée par Dominique Marchais, intitulée « Round River », permettra de réfléchir avec Aldo Leopold, le forestier et écrivain américain, à partir de deux textes : Round river et Conservation (recueil La Terre comme communauté, éditions Wildproject). Il s’agira d’essayer de comprendre ce que Leopold entend par « round river » et par « goût raffiné pour les objets naturels » en observant un objet naturel particulier, celui qui se trouve à quelques encablures de l’école, le confluent du Rhône et de la Saône. Un confluent aide à comprendre ce qu’est un bassin versant, mieux sans doute que la source ou l’embouchure car le réseau hydrographique, que l’on visualise d’habitude en regardant une carte, s’offre ici au regard, sans médiation. L’observation du confluent et l’effort pour le représenter nous aideront certainement à mieux comprendre les expressions de Leopold, car il était un homme de terrain et ses notions abstraites sont toujours issues de son expérience professionnelle des milieux naturels – et aussi parce l’effort, la prudence, le doute, l’observation attentive participent, me semble-t-il, de ce « goût raffiné » dont Leopold aimerait qu’il se généralise.
La masterclass sera accompagnée de deux soirées de projection, publiques :
Le 18/11 à 20h : Pour la suite du monde de Pierre Perrault et Michel Brault (Canada, 1963), précédé d’un pot d’accueil à 19h. Documentaire poétique et ethnographique sur la vie des habitants de l’Isle-aux-Coudres, leur langue, et la légendaire pêche au marsouin. Abandonnée depuis trente-huit ans, la technique de pêche ancestrale est reconstituée pour le film par les habitants.
Le 20/11 à 18h : Restitution des travaux de l’atelier suivie de La Ligne de partage des eaux de Dominique Marchais (2013)
« Le film est inscrit dans le périmètre du bassin versant de la Loire, de la source d’un de ses affluents dans le Massif Central, jusqu’à l’estuaire. Le bassin versant, et non pas le fleuve Loire ! C’est-à-dire le plan inclinée vers la mer, la totalité de l’espace irrigué, pas seulement le trait de la rivière. C’est-à-dire les zones d’activités et les zones humides, les fossés et les autoroutes, les salles de réunions et les chantiers. Car l’eau est partout, dans les sols, dans les nappes, dans l’air. Partout circulant, s’infiltrant, s’évaporant, partout se métamorphosant et partout reliant les territoires entre eux, désignant leur interdépendance, nous faisant rêver à leur solidarité. La ligne de partage des eaux n’est donc pas seulement cette ligne géographique qui sépare des bassins versants mais elle est aussi la ligne politique qui relie des individus et des groupes qui ont quelque chose en partage : de l’eau, un territoire, un paysage. Une communauté en somme, qui en se mirant dans ces eaux en circulation, ne peut que s’interroger sur sa propre agitation — et ce qu’il en restera. » Dominique Marchais