A signaler : la parution en mars 2012 aux éditions Hermann de la correspondance de Juan Rulfo, dans la traduction de Cécile Serrurier. Auteur fulgurant et fascinant de la littérature mexicaine, Juan Rulfo a publié un recueil de nouvelles, El llano en llamas (1953) et un roman Pedro Páramos (1955) salué comme un chef d’œuvre de densité narrative.
Les Lettres à Clara rassemblent quatre-vingt-une missives envoyées par Juan Rulfo entre 1944 et 1950 à celle qui allait devenir sa femme. Ces lettres ont été publiées en 2000, quatorze années après la disparition de Juan Rulfo. Ce chef d’œuvre de la correspondance n’était donc pas destiné à la publication ni à la traduction. On peut saluer l’ initiative de Cécile Serrurier, qui nous permet de découvrir la voix unique de Juan Rulfo.
Le plaisir qu’il y à lire les correspondances amoureuses des grands écrivains est toujours particulier. Il l’est d’autant plus, quand il nous entraîne dans "UNE ECRITURE AUSSI GRANDE QUE ÇA" (p.51) Parmi tant d’autres passages profonds et joueurs de cette "traduction-invitation", selon la belle formule de C. Serrurier dans la présentation du volume, on notera simplement celui-ci, qui nous semblera, pour le coup, traduire exactement ce qu’on éprouve en pénétrant dans ce Pardès d’un Mexique amoureux : "N’oublie pas que c’est toi qui me donnais des pommes, pas moi. N’oublie pas que c’est Ève qui a donné un petit bout de pomme à Monsieur Adam, et que c’est de là qu’est venue cette habitude qu’ont les femmes de donner des pommes.
Ici je ne suis pas allé au cinéma. Sans toi le cinéma ne sert à rien. Il n’y a même pas le plaisir d’arriver en retard et de ne pas trouver de place. " (p.51)