Yuri Herrera est un enseignant-chercheur mexicain, docteur en littérature de l’Université de Berkeley en Californie qui, après avoir été « visiting professor » à l’université de North Carolina (Charlotte), enseigne actuellement à l’université de Tulane (Nouvelle Orléans), à la suite de l’obtention de la prestigieuse Mellon Postdoctoral Fellowship.
Son travail de recherche porte sur les représentations de la violence dans la littérature actuelle et, plus particulièrement, mexicaine. Il est, à ce titre, l’auteur ou le co-auteur de plusieurs monographies et articles (voir liste ci-dessous).
Il s’agit en outre d’un des romanciers mexicains les plus talentueux de sa génération. Ses romans connaissent depuis peu une diffusion internationale importante et l’un de ses plus grands succès, Les travaux du royaume, a été traduit par Laura Alcoba (écrivaine et Maître de Conférences à Paris X) et publié en 2012 à Paris, chez Gallimard. En raison de l’originalité et la force de son écriture romanesque Les travaux du Royaume a été choisi par le jury de l’agrégation externe d’Espagnol pour faire partie de la question du programme 2013 : « pouvoir de la violence, violence du pouvoir », aux côtés de deux autres romans, Abril rojo du jeune romancier péruvien Santiago Roncagliolo (Lima, 1975), mais aussi de Lituma en los Andes du Prix Nobel 2010, Mario Vargas Llosa.
Cette double dimension (enseignant-chercheur d’un côté ; écrivain de l’autre) est tout à fait en phase avec les spécificités du CERCC de l’ENS, axé sur la création littéraire contemporaine.
Yuri Herrera entremêlera les aspects théoriques et pratiques de la création littéraire et apportera le point de vue particulier de quelqu’un qui regarde la création littéraire actuelle mais aussi sa propre création. De plus, il s’agit de quelqu’un qui a fait le choix de quitter le Mexique non seulement pour exercer son métier d’enseignant-chercheur mais aussi pour porter à distance un regard sur la société mexicaine actuelle, marquée, dans les villes du Nord, par une violence protéiforme, sur laquelle s’étaient déjà penchés d’autres écrivains comme le chilien Roberto Bolaño, auteur de 2666. Yuri Herrera reste, toutefois, un perpétuel « exilé », comme tant d’écrivains latino-américains et, même s’il habite aux Etats-Unis, « Sam » n’est pas son oncle, comme le dit l’une de ses publications. Il s’agit donc d’une figure complexe et riche qui intéresse les Lettres Modernes, Littérature comparée et Espagnol – sans oublier, bien entendu, les sociologues, les politologues et les linguistes.
- Le programme de recherche proposé :
La recherche personnelle de Yuri Herrera pendant son séjour à l’ENS concernera son prochain projet d’écriture. Celui-ci, qui adopte la forme d’un roman de grande extension, a un point de départ autobiographique : l’expérience de l’auteur comme membre d’une famille de la gauche mexicaine qui recevait chez elle, dans les années 70 et 80, des guérilleros des mouvements révolutionnaires d’Amérique centrale, en particulier du Nicaragua et du Salvador. La présence de ces « héros » dans la cellule familiale est à l’origine d’une série d’images empreintes d’un mysticisme profane (l’héroïcité, le martyre, la faute et la rédemption) mais aussi d’une conscience politique et d’une interprétation de l’histoire nationale qui vont marquer Yuri Herrera. À partir de cette évocation pourra se construire la fiction du roman proprement dite au travers du récit de la vie d’une poignée de personnages qui incarnent, d’une part, la complexité du changement politique au Mexique pendant les décennies qui ont suivi, les paris de chacun, entre l’utopie et le pragmatisme, la progressive conquête du pouvoir, les liens avec la corruption, les transformations d’espaces concrets, jadis habités par un certain type de conscience et maintenant par un autre, très différent ; et d’autre part, les changements de la langue, ce qui revient à dire les changements dans la manière de construire la réalité : comment, peu à peu, disparaissent les outils ancestraux pour appréhender le monde et le façonner, et prolifèrent, avec le temps, de nouveaux mots qui sont également de nouvelles armes, de nouveaux mirages. À travers ces deux axes, le roman de Yuri Herrera prendra la forme d’une sorte de « roman fleuve » dans lequel – un peu à la manière des Buddenbrock – la saga de plusieurs familles fonctionne comme un récit intimiste de l’histoire nationale mexicaine.
- Les cours et conférences qu’il effectuera :
Yuri Herrera fera donc un séminaire sur son roman Los trabajos del reino et sur les romans Lituma en los Andes de Mario Vargas Llosa et Abril rojo de Santiago Roncagliolo autour de la problématique « Pouvoir de la violence et violence du pouvoir dans la littérature latino-américaine contemporaine ». À ce séminaire s’ajoutera une série de conférences sous la forme d’une Masterclass avec le titre « Langue et violence au Mexique ».
LISTE DES PUBLICATIONS
Ouvrages
• Los ojos de Lía. Mexico : Sexto Piso, 2012 • Co-auteur de Sam no es mi tío. Veinticuatro crónicas migrantes y un sueño americano. Florida : Alfaguara, 2012 • Señales que precederán al fin del mundo. Cáceres (Spain) : Periférica, 2009 [2e édition : Periférica, 2010] • Trabajos del reino (roman) [2e édition]. Cáceres (Spain) : Periférica, 2008 [3e édition : Periférica, 2010] – Les travaux du Royaume (Paris : Gallimard, 2012), traduction française de Laura Alcoba (écrivaine franco-argentine qui publie chez Gallimard ; Maître de Conférences à Paris X) : • ¡Éste es mi nahual ! (contes pour enfants). México : Fundación Arturo Herrera Cabañas / Gobierno del Estado de Hidalgo, 2007 • Co-auteur de Hombres en corto (recueil de nouvelles). Pachuca : Ayuntamiento de la Ciudad de Pachuca, 2006 • Trabajos del reino (roman). México : Fondo Editorial Tierra Adentro, 2004 • Co-auteur de Cuentistas de Tierra Adentro. México : CONACULTA,1991
Articles choisis :
• “La fiesta del sábado”, Letras Libres, January 2012 • “El músculo del futuro”, Día Siete, Mexico City, August, 2011 • “Los otros”, Posdata, Monterrey, July 2011 • “Ficha técnica”, Big Sur, Buenos Aires, October, 2010 • “El doloroso coro mexicano”, La Tempestad, Mexico City, August, 2010 • “Aztlán, D.C.” (version espagnole), Letras Libres, México, Madrid, August, 2010 • “Ellos dos, sobre la soberanía del deseo”, Guardagujas, Aguascalientes, México, July 7, 2010 • “Es la cultura, estúpido”, Revista Folios, Guadalajara, March, 2010 • “Poderosos poetas”, Babelia, El País, Madrid, November 14, 2009 • “The law is the law is the law”, El Malpensante, Bogotá, September, 2009 • “Crónica de la alcurnia extraviada”, El Malpensante, Bogotá, June, 2009 • “Miércoles de dos por uno”, Eñe, número 17, Madrid,Spring, 2009 • “Feliz nuevo siglo, Dr. Smith”, Enelmedio, magazine of the Universidad Javeriana, Bogotá, December, 2008. • “Los andamios paralelos”, La Palanca, volume 8, México, 2007 • “Aztlán, D.C.” (version anglaise), War and Peace, volume 3, O Books, 2007 • Co-auteur de “El Libro de Buen Amor en internet”, in : Carlos Heusch (éd.), El Libro de buen amor de Juan Ruiz Archipêtre de Hita, Ellipses, París, 2005 • “Spare some tofu ? La Av. Telegraph de la República Popular de Berkeley”, Río Grande Review, magazine of the Department of Creative Writing of the University of Texas at El Paso. Volume 24 / Fall 2004 • “Las llaves secretas del Corazón”, Lucero, magazine of the Graduate students of the Department of Spanish and Portuguese of the University of California at Berkeley. Volume 15 / 2004