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Scène poétique "Soirée Poésie sonore" - mercredi 13 mars 2013

Soirée poésie sonore

Attention : début de la soirée excep­tion­nel­le­ment à 18h !

18h Arno Calleja & Christian Filips

18h30 « Le dis­cours sur rien » de John Cage inter­prété par Bernard Fort, du GMVL puis Cosima Weiter (lan­ce­ment de son CD de poésie sonore “ICI”, édité au GMVL)

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Cette soirée est un “temps fort” du Printemps des Poètes à Lyon, orga­nisé par l’Espace Pandora.

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« Le dis­cours sur rien », de John Cage inter­prété par Bernard FORT

Ecrit en 1959, « Le dis­cours sur rien » doit être consi­déré comme une véri­ta­ble pièce musi­cale. Sa forme appro­che de près les tech­ni­ques d’écriture de la poésie sonore, sous la forme d’une confé­rence aux accents humo­ris­ti­ques. D’une durée de 40 minu­tes, la pièce four­nit une riche matière per­met­tant d’entrer de plain-pied dans l’uni­vers de John Cage.

Le texte est com­posé à la manière des pièces musi­ca­les du com­po­si­teur, avec des contrain­tes métri­ques et un débit de lec­ture précis. La struc­ture s’appuie sur le modèle des Sonates et Interludes ou des Trois Danses, com­po­sées peu avant par John Cage. Il y traite la parole comme un pur maté­riau sonore : tandis qu’elle attire l’atten­tion sur la pré­sence du son pro­duit, il effec­tue un retour réflexif sur le déve­lop­pe­ment de ses énoncés, indi­quant régu­liè­re­ment à quel endroit de telle ou telle partie du texte, « (…) nous en sommes » et incluant des répé­ti­tions de phra­ses comme « Nous arri­vons nulle part et c’est un plai­sir » ou « Si quelqu’un a som­meil, qu’il s’endorme ». John Cage informe son audi­toire qu’il n’a rien à dire et que ce « rien » est l’objet de son dis­cours. L’écoute de la musi­que pro­duite par ce dis­cours se sub­sti­tue alors à l’écoute de son dis­cours sur rien. Par la répé­ti­tion lan­ci­nante des phra­ses, le public par­vient pro­gres­si­ve­ment à un niveau d’écoute où rien ne se dit en dehors du fait de dire les choses, et d’écouter de la musi­que.

Cette cau­se­rie de John Cage vise à pro­duire un effet à la fois intel­lec­tuel et phy­si­que. Il ne pro­pose à son public ni un diver­tis­se­ment intel­lec­tuel, ni un diver­tis­se­ment émotionnel mais une prise de contact exis­ten­tiel avec les maté­riaux sono­res et la tem­po­ra­lité même de sa cau­se­rie.

Bernard FORT

Cofondateur et res­pon­sa­ble du Groupe Musiques Vivantes de Lyon (GMVL), Bernard Fort ensei­gne la com­po­si­tion acous­ma­ti­que à l’école Nationale de Musique à Villeurbanne, et par­tage le reste de son temps entre la com­po­si­tion et l’orni­tho­lo­gie. Son tra­vail musi­cal est entiè­re­ment consa­cré au genre acous­ma­ti­que. En com­po­si­tion, il s’inté­resse depuis tou­jours aux limi­tes entre abs­trac­tion et figu­ra­tion, natu­rel et cultu­rel. Sa recher­che se porte prin­ci­pa­le­ment sur les modes de repré­sen­ta­tion des musi­ques électroacoustiques.

Cosima Weiter

Poète sonore, Cosima Weiter est née à Lyon. Après des études lit­té­rai­res, elle suit une for­ma­tion de com­po­si­tion électroacoustique à l’ENM de Villeurbanne dans la classe de Bernard Fort. Elle déve­loppe dans le même temps un tra­vail de poésie sonore dans lequel elle mêle son fixé et voix livrée en direct. Elle fait partie du col­lec­tif BoXon depuis 2001. Elle écrit en fran­çais et en alle­mand, inven­tant un lan­gage à mi chemin entre ses deux lan­gues de pré­di­lec­tion. Elle anime la Cie_Avec en col­la­bo­ra­tion avec Alexandre Simon depuis 2009. Ensemble ils créent des spec­ta­cles mêlant vidéo, musi­que et poésie sonore pour évoquer des lieux dont l’archi­tec­ture et l’his­toire pèsent sur ceux qui les habi­tent. En tant que poète sonore Cosima Weiter donne régu­liè­re­ment lec­ture de ses tra­vaux en France, en Suisse et en Allemagne. Elle a notam­ment donné des réci­tals aux Instants cha­vi­rés à Montreuil, au Palais de Tokyo à Paris, au théâ­tre de la villa Gillet et aux Subsistances à Lyon, à la Cave 12 à Genève et à l’Institut fran­çais de Berlin, la Maison de la Poésie de Nantes et dans le cadre du fes­ti­val Shiir à Beyrouth.

Arno Calleja et Christian Filips ont par­ti­cipé au projet de tra­duc­tion "RéVERSible / VERSschmuggel" dans le cadre du Poesiefestival de Berlin. Cet ate­lier ori­gi­nal a pro­posé de se tra­duire mutuel­le­ment, sans connaî­tre la langue de l’autre. Il a donné nais­sance à une antho­lo­gie poé­ti­que bilin­gue (éditions La passe du vent / Wunderhorn), accom­pa­gnée de deux CD per­met­tant d’enten­dre les voix des auteurs.

Arno Calleja, né à Marseille, a étudié la phi­lo­so­phie et a com­mencé à publier en revues au début des années 2000. Il tra­vaille à Marseille comme chargé de mis­sion sociale auprès de per­son­nes en gran­des dif­fi­cultés. Ses textes se carac­té­ri­sent par une parole libre, déraillante, saisie avant toute cen­sure et lais­sée à son auto-engen­dre­ment. S’allé­ger du poids du temps, recou­vrer le flux du monde dans un flux lan­ga­gier, voilà l’ambi­tion de cette parole qui de toute pul­sion fait texte.

Dernières paru­tions : la per­for­mance, Joca Seria, 2012 à la béton­nière, éditions Le Quartanier, 2007 cri­ture, inven­taire-inven­tion, 2006

Christian Filips, né à Osthofen dans la région de Worms, a fré­quenté une école euro­péenne en Belgique avant de faire des études de phi­lo­so­phie et de let­tres et civi­li­sa­tion alle­man­des à Vienne et Berlin. Auteur, tra­duc­teur (entre autres de Pier Paolo Pasolini) et conseiller artis­ti­que indé­pen­dant, il vit aujourd’hui à Berlin. Depuis 2006, il est direc­teur éditorial et direc­teur des archi­ves de la Sing-Akademie zu Berlin. Il est l’éditeur, avec Urs Engeler, de la série rough­books inau­gu­rée en 2010. Ses textes se carac­té­ri­sent par un « mélange lin­guis­ti­que poé­ti­que et mou­vant » (NZZ), qui asso­cie « dif­fé­rents jar­gons, socio­lec­tes et dia­lec­tes », mais aussi un ton plus sou­tenu, cons­cient de l’his­toire dans laquelle il s’ins­crit. Son pre­mier recueil de poèmes, Schluck auf Stein, a obtenu en 2001 le PrixRimbaud de la Radio autri­chienne. Il vient d’être récom­pensé par le Prix Heimrad Bäcker (caté­go­rie espoir) 2012.

Dernières paru­tions : Dunckler Enthusiasmo (tra­duc­tion de Pasolini), Urs Engeler Editor, 2009 Heiße Fusionen, Gesänge von der Krisis, rough­books, 2010 PARA-Riding (avec Monika Rinck), rough­books, 2011

En pré­sence d’Aurélie Maurin, coédi­trice de la col­lec­tion VERSschmuggel.

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La Scène Poétique est un cycle de poésie parlée réa­lisé par Patrick Dubost en col­la­bo­ra­tion avec le Centre d’Études et de Recherches Comparées sur la Création dirigé par Eric Dayre et les Affaires Culturelles de l’ENS http://www.ens-lyon.eu/culture et avec l’aide de la Maison des écrivains et de la lit­té­ra­ture http://www.m-e-l.fr/index.php

Pour cette soirée, le Printemps des poètes, la Ville de Lyon et l’Espace Pandora sont aussi par­te­nai­res.