CERCC
 

30 jan­vier 2024 : Emilie Violette Pons, Collection Echanges Littéraires, Hermann, paru­tion : Le "contre-chant dis­lo­qué" de Jacques Dupin.

Cet ouvrage étudie la qua­lité du lyrisme de Jacques Dupin dans l’ensem­ble de son œuvre pour mon­trer que le « contre-chant dis­lo­qué » n’est pas la fin du chant. La poésie et la cri­ti­que de Dupin recher­chent un accord entre le sujet, le réel et le lan­gage pour par­ta­ger le chant du monde avec ses ful­gu­ran­ces et ses fêlu­res. D’une poé­ti­que de la dis­lo­ca­tion surgit un lyrisme sec et heurté, témoin d’un sublime noir. Dans cette parole désen­chan­tée et dis­cor­dante, mar­quée des cica­tri­ces de la fini­tude et du non-sens, le souf­fle de la dis­lo­ca­tion fait renaî­tre le poète à l’essence de l’être et du lan­gage grâce à la puis­sance poli­ti­que et éthique de la vio­lence. Dès lors, l’écriture dis­lo­quée n’est pas une aporie, car le geste poé­ti­que par­vient à par­ta­ger un élan authen­ti­que et une juste pré­sence. La dis­corde devient para­doxa­le­ment la chance du renou­veau d’un lyrisme sin­gu­lier ali­menté par une éthique de la dis­so­nance. Surgit para­doxa­le­ment la pro­messe d’un chant, à tra­vers les scan­sions du rythme de l’être et la sono­ri­sa­tion d’une voix rauque gagnant sa liberté grâce au refus d’une illu­soire har­mo­nie. La conjonc­tion des arts permet d’ajus­ter les voix désac­cor­dées en un lyrisme poly­pho­ni­que. Ouvrant le poème sur le tableau et la musi­que, la parole se sauve en accueillant l’intense pré­sence du réel et le souf­fle de l’art.