Dans le cadre du séminaire « Le Poète et le Peintre » (LLF033) et du CERCC de l’École normale supérieure de Lyon, Corinne Bayle, professeur de littérature française, et Marik Froidefond, docteur en littérature comparée, recevront
mardi 26 mars 2013, 14h-16h, salle F 01
ENS de Lyon, Parvis Descartes, 69007 Lyon.
Métro Debourg
Gérard Titus-Carmel est né à Paris le 10 octobre 1942, Gérard Titus-Carmel vit et travaille à Oulchy-le-Château, dans l’Aisne. Il fait ses études à l’Ecole Boulle, à Paris, de 1958 à 1962 dans l’atelier de gravure et d’orfèvrerie et, depuis lors, se consacre exclusivement au dessin, à la peinture et à l’écriture. Il voyage et écoute beaucoup de musique, aussi. Très vite son travail s’est organisé en suites et en séries, chacune datée et close sur son titre qui, aboutées les unes aux autres, composent un long récit de la perte mené jusqu’au bord du vide et de l’absence. S’enchaînent alors des suites de dessins sur la figure du déboîtement et de la brisure, de la déconstruction et de l’épissure, toutes ramenées au centre d’une œuvre dont les investigations conceptuelles et graphiques s’interpénètrent – travail qu’il poursuit par ailleurs en « illustrant » bon nombre d’ouvrages de poètes et d’écrivains. Dès le début des années 1970, après plusieurs reconstitutions de lieux en autant d’ « opérations olfactives », se développent de nombreuses suites de dessins et de peintures, jusqu’aux séries les plus récentes sur l’espace du paysage, sur la touffeur des frondaisons, les superpositions et l’organisation de l’ombre et de la lumière, comme dans la série des Forêts (1995-1996) qui, après les Dédicaces (1991-1992) et les Egéennes (1993-1994), s’ouvre comme une clairière durant la réalisation de la Suite Grünewald (1994-1996), où il approfondit sa réflexion sur la transparence et la « remontée » de la couleur. Succèdent alors les Nielles (1996-1998) et les Sables (1998-1999) où est privilégié la trace du noir, puis les Quartiers d’Hiver (1999), les Feuillées (2000-2003), les Jungles (2004), l’Herbier du Seul (2005), blasons de la Nature et du Jardin qui, avec les Vanités et les Memento mori, cherchent à situer une présence dans le désordre naturel du monde. Vient ensuite la Bibliothèque d’Urcée (2006-2009), long cycle de peintures et d’œuvres sur papier marouflé qui se déploie en dix « départements » de dix œuvres chacun, marquant justement dans l’alignement des gestes comme dans l’occupation de l’espace, une volonté de donner du dessin – voire une écriture, et peut-être même une musique – à ce désordre. Ce travail de saturation de la surface débouche aujourd’hui sur une nouvelle série, toujours en cours, où la couleur s’engorge d’elle-même et rutile : les lumineuses Brisées, scandant les étapes d’une imaginaire Route de la Soie. Peintre, dessinateur et graveur, il a participé à plus de 500 expositions collectives, tant en France qu’à l’étranger, et près de 250 expositions personnelles (principalement chez Daniel Templon, Maeght, puis Lelong, en ce qui concerne les galeries) – dont une douzaine de rétrospectives – lui ont été consacrées à travers le monde entier, où son œuvre est représentée dans une centaine de musées et de collections publiques. Il a officiellement représenté la France dans de nombreuses manifestations internationales et a réalisé quelques peintures monumentales, entre autres pour le Grand Hall du Ministère des Finances à Paris (1989), la Cité des Congrès de Nantes(1990), l’Espace Olivier Messiaen de la DRAC Champagne-Ardenne, à Chalons-en-Champagne (1994). Indépendamment d’une somme très importante de commentaires et d’exégèses que son travail a suscités chez les critiques et les historiens de l’art, bon nombre d’écrivains, de philosophes et de poètes se sont aussi penchés sur son oeuvre de peintre : d’Aragon à Jacques Derrida, d’Alain Robbe-Grillet à Georges Duby, de Tadeusz Kantor à Yves Bonnefoy ou de Denis Roche à Abdelkébir Khatibi, quelques grands textes ont été écrits sur une œuvre qui ne laisse pas de questionner quant à la représentation, au statut du modèle et à sa mise en procès. Lui-même auteur, il a publié à ce jour une quarantaine de livres, comprenant plus de vingt recueils de poésie et autant d’essais sur l’art et la littérature (textes sur Pierre Michon, Henri Michaux, Bernard Vargaftig, Jean-Louis Baudry, Jean-Pierre Pincemin, Jean Echenoz, Eugène Leroy...), dont plusieurs « rêveries critiques » visitant l’œuvre de Hart Crane, Gustave Roud, Edvard Munch, Yves Bonnefoy et Pierre Reverdy.
Orientations bibliographiques :
Essais : Le huitième Pli ou le travail de beauté, Galilée, 2013 ; Épars. Écrits sur l’art et textes divers, Le Temps Qu’il Fait, 2003 ; Elle bouge encore, Actes Sud, 1992 ; Notes d’atelier & autres textes de la contre-allée, Plon, 1990 ; L’Élancement, une biographie poétique de Hart Crane, Seuil, « Fiction & Cie », 1998.
Poésie : Albâtre, Fata Morgana, 2013 ; Ressac, Obsidiane, 2011 ; L’ordre des jours, Champ Vallon, 2010 ; Brisées, La Porte, 2009 ; Seul tenant, Champ Vallon, 2006 ; Manière de sombre, Obsidiane, 2004 ; Ici rien n’est présent, Champ Vallon, 2003 ; La rive en effet, Obsidiane, 2000 ; Travaux de fouille et d’oubli, Champ Vallon, 2000 ; Obstinante, Brandes, 1995 ; Feuillets détachés des saisons, Brandes, 1991 ; L’indolente d’Orsay, L’Echoppe, 1990 ; Instance de l’orée, Fata Morgana, 1990 ; Le Motif du fleuve, Fata Morgana, 1990.
Livres illustrés en collaboration : Feuillées, Yves Bonnefoy et Gérard Titus-Carmel, Le Temps Qu’il Fait, 2004 ; Feuillées et memento mori, Paul Louis Rossi et Gérard Titus-Carmel, Le Temps Qu’il Fait, 2002.
Choix d’ouvrages critiques consacrés à Gérard Titus Carmel : Gérard Titus-Carmel, par Gilbert Lascault Ed. Virgile, 2009 ; Gérard Titus-Carmel. Peintures, oeuvres sur papier, estampes et livres (1996-2006), par Marik Froidefond, Réunion des Musées nationaux, 2008 ; Gérard Titus-Carmel, une décennie (1990-2000), par Corinne Bayle, Patrick Casson, Tristan Trémeau, Éd. Palantines, 2000.