Salle D2 019, le mercredi 10 octobre 2018, 16h 17h30, séminaire ENS CERCC/CNSM, avec Dominique QUÉLEN et Christophe PETCHANATZ, suivi de la scène poétique à partir de 18h30.
scène poétique en Salle Kantor de l’ENS Lyon 15 parvis Descartes, sur l’avenue Jean Jaures (en face du 249) métro Debourg 18h30
Dominique Quélen & Christophe Petchanatz
Dominique Quélen est né en 1962 dans la banlieue parisienne. Milieu ouvrier. Etudes de lettres. Puis prof en lycée pendant vingt-cinq ans, essentiellement à Lille. Depuis 2015, résidences, ateliers d’écriture, lectures, etc. Collaborations avec des compositeurs (Aurélien Dumont, Misato Mochizuki, Gérard Pesson, Loïc Guénin...). Livres de poésie depuis une quinzaine d’années (après avoir longtemps plutôt fréquenté les revues), parfois à contraintes formelles, souvent sous forme de séries. Deux livres de Cid Corman traduits avec Barbara Beck, à l’Act Mem. Un court essai sur Helene Reimann aux éd. Invenit
Revers, Flammarion, 2018 Avers, Louise Bottu, 2017 Eléments de langage, publie.net, 2016 Basses contraintes, Théâtre Typographique, 2015
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Christophe Petchanatz est né en 1959 à Lille. Parents militants associatifs (Croix-Bleue). Etudes diverses (secteur psychiatrique, gérontologique, mais aussi ressources humaines et psychologie du travail au CNAM). Temps partagé entre musique (beaucoup, plus de 50 albums et des concerts un peu partout dans le monde) et écriture (assez, avec aujourd’hui un unique projet , sans fin : Le Héron). Pionnier de la littérature électronique dans les années 90. Livres de poésie depuis plus de 20 ans (après avoir longtemps fréquenté voire animé les revues). Quelques rares lectures. Travaille actuellement à faire cohabiter texte et musique, cf. https://www.youtube.com/watch?v=plr...
Le Plot, Anis & Foy, 1990.
Pleumeur-Bodou, Les Carnets du Tournefeuille, Tournefeuille, 1993.
Participation au Colloque Nord Poésie et Ordinateur — mai 93 ; actes parus en 1994, CIRCAV-GERICO Université Lille 3.
Plomb, Rafael de Surtis
et quelques livres sulfureux, comme on dit, sous pseudonymes
Le Héron Le projet actuel est ambitieux, pire même. Sa secrète genèse est à la fois simple et impossible : transmettre à ma fille, transmettre tout. Lola a aujourd’hui 11 ans. Sauf incident, elle en aura 30 en 2037. Et me lira — peut-être. Si je vis encore — ce que je ne souhaite pas — j’aurai, moi, 78 ans. Je me suis rendu compte, dès qu’elle a su parler, et questionner, que l’histoire de ma famille était pis que lacunaire : constituée pour l’essentiel de zones d’ombres et d’angles morts, de mythologies, de minces bribes et d’à-peu-près. Je suis le seul (sur)vivant, ma mémoire n’est pas très bonne et de toute façon on m’a laissé bien peu de choses. Que transmettre ? J’ai commencé un travail, pénible, d’anamnèse. Et rédigé. Des pages sans intérêt. Je ne suis pas doué pour le récit, la chronologie, le « roman » (familial ou pas). Du linéaire laborieux je suis passé à une sorte d’encyclopédie (à usage très local donc, a priori) puis à un texte apparemment décousu, Le Héron1, où je me sens à l’aise, enfin, pour aborder souvenirs, éléments actuels, fantasmes. Transférer l’intégralité de ma pensée — littéraire, ou « littérarisée » sur le papier. Pour, en théorie, une seule lectrice. En théorie. Car c’est devenu, très vite, un « objet », un projet littéraire. L’ouvrage sera énorme. C’est désormais mon seul travail en cours, et il absorbe, phagocyte et transmute tous ce qui pourrait être écrit parallèle. Les souvenirs d’enfance, le peu que je connais à propos de mes parents, de leurs parents, ma vie jusqu’aujourd’hui, ma vie actuelle, et « tout le reste ». Plusieurs tentatives décevantes m’ont montré qu’il était vain de vouloir quitter ma manière « habituelle », mon écriture. C’est là que je suis bien. L’ouvrage est dense, complexe, crypté parfois. La maturité ( ? ) m’a également permis un beau dégagement : beaucoup moins de « sérieux ». La lecture des extraits de Le Héron (titre peut-être provisoire) devrait parler d’elle même. Dans la « chronologie de l’œuvre en cours » j’imagine Le Héron comme le dernier opus, lequel serait rédigé « jusqu’au bout ». À ce titre, une publication par parties sera sans doute pertinente (le cas échéant). Nombre de mes livres précédents œuvraient déjà dans ce sens (la mémoire, et cet impossible remembrement), mais plus ou moins implicitement. Ici, tout est dit, même le pourquoi du dire.
Classe de Maître réalisée avec le concours de la Région Auvergne-Rhone-Alpes
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©Asja Saüler, Dyptique "Dost thou see the angel ?" VIII, 2018, huile sur panneau de bois enduit (fragment), 306 x 306 x 2 cm.