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Station d’arts poé­ti­ques #2, cycle recher­che, Joseph Beuys Cycle de confé­ren­ces le 15 décem­bre 2010 14h-17h Lieu(x) : Ecole Nationale des Beaux-Arts de Lyon Les Subsistances - 8bis quai St Vincent 69001 Lyon Salle 112 Poétiques de Joseph Beuys

Cette jour­née d’études consa­crée à Joseph Beuys, s’ins­cri­vant dans le cadre de la Station d’arts poé­ti­ques (ensei­gne­ment de l’écriture de créa­tion, ENS-ENBA), abor­dera en par­ti­cu­lier la dimen­sion lit­té­raire de son oeuvre (dis­cours, confé­ren­ces, textes).

Figure culte de l’art alle­mand de la deuxième moitié du XXe siècle, Joseph Beuys (1921-1986) a inlas­sa­ble­ment pra­ti­qué la mytho­gra­phie per­son­nelle, inven­tant et met­tant en scène une bio­gra­phie fic­tive où mythe, art et vie se rejoi­gnent. Performeur, sculp­teur, théo­ri­cien, péda­go­gue, chaman, auteur d’ins­tal­la­tions, co-fon­da­teur de l’Université inter­na­tio­nale libre pour la créa­ti­vité et la recher­che inter­dis­ci­pli­naire (Freie Internationale Hoschule für Kreativität und Interdisziplinäre Forschung), créa­teur d’un parti poli­ti­que des étudiants dont la majo­rité des mem­bres sont des ani­maux, inven­teur de la notion élargie de l’art et de la sculp­ture sociale, cette vie-oeuvre fut le théâ­tre de nom­breu­ses contro­ver­ses mais aussi d’un très fort engoue­ment, qui tien­nent au fait que ce nou­veau lan­gage visuel n’ignore rien de de ce qu’a été la guerre, qu’il ren­voie à un passé natio­nal sans cesse inter­rogé. Par la sculp­ture sociale, Beuys inau­gure une pra­ti­que esthé­ti­que pro­fon­dé­ment démo­cra­ti­que, lieu d’un combat véri­ta­ble­ment poli­ti­que (impli­ca­tion dans les mou­ve­ments étudiants de la fin des années 1960, créa­tion du parti des Verts) mais qui se veut aussi son dépas­se­ment.

Une ver­sion plutôt admi­nis­tra­tive de cette vie indi­que­rait qu’il naît à Klefeld en 1921, qu’il s’enfuit en 1938, un an avant de passer son diplôme, pour rejoin­dre un cirque, s’occu­per des ani­maux, coller des affi­ches. Puis, qu’en 1940, alors qu’il pense entre­pren­dre des études de méde­cine, dans l’atmo­sphère de mobi­li­sa­tion géné­rale, il s’engage dans la Luftwaffe. En 1944, sur le front de Crimée, son JU87 s’écrase, le pilote de l’avion meurt, Beuys est retrouvé par un com­mando de recher­che alle­mand et soigné dans un hôpi­tal mili­taire du 17 mars jusqu’au 7 avril, jusqu’à son réta­blis­se­ment. L’autre ver­sion, mythi­fiée, cons­truite, racontée dans une bio­gra­phie-oeuvre de 1964 inti­tu­lée « Lebenslauf/Werklauf » (Life Course/Work Course) donne tout à fait autre chose : en 1921, l’année de sa nais­sance, expo­si­tion à Kleves d’une bles­sure res­ser­rée avec du plâtre ; en 1940, expo­si­tion d’un arse­nal à Posen, expo­si­tion d’un aéro­drome à Erfurt-Bindersleben et à Erfurt-Nord. L’épisode de la chute de l’avion en Crimée devient le lieu d’une renais­sance, au cours duquel Beuys est secouru par des Tatares, entouré de feutre et de graisse, et d’où il res­sort chaman, convaincu que tout être humain est un artiste et que la liberté s’acquiert par l’usage de la créa­ti­vité.

Eléments de chro­no­lo­gie : 2-3 février 1963 : Beuys par­ti­cipe au fes­ti­val Fluxus de Dusseldorf, « Festum Fluxorum-Fluxus. Music und Antimusik. Das ins­tru­men­tale Theater », au cours duquel il réa­lise ses pre­miè­res per­for­man­ces, qu’il nomme Actions (« Symphonie Sibérienne, 1er mou­ve­ment » ; « Composition pour 2 musi­ciens »). 11 octo­bre 1963 : Il par­ti­cipe à l’expo­si­tion « Leben mit pop. Demonstration für den kapi­ta­lis­ti­schen Realismus » orga­ni­sée par Konrad Lued, Sigmar Polke et Gerhard Richter. 26 novem­bre 1965 : Action « wie man dem toten Hasen die Bilder erklärt » (Comment expli­quer les tableaux à un lièvre mort) au cours de laquelle Beuys, la tête recou­verte de feuilles d’or et de miel, raconte, devant des tableaux, l’his­toire de la pein­ture à un lièvre mort qu’il serre dans ses bras. 22 juin 1967 : Fondation de la « Deutsche Studenten Partei » (Parti Etudiant Allemand). 7 avril-12 mai 1974 : L’expo­si­tion inti­tu­lée « The Secret Block for a Secret Person in Ireland » (Block secret pour per­sonne secrète en Irlande) est orga­ni­sée par le musée d’art moderne d’Oxford. 23-25 mai 1974 : Pour l’inau­gu­ra­tion de la gale­rie René Block à Manhattan, Beuys conduit l’action inti­tu­lée « I Like America and America Likes Me », trois jours de coha­bi­ta­tion avec un coyote. 2 novem­bre-15 jan­vier 1979 : « Joseph Beuys », l’unique retros­pec­tive du vivant de Beuys a lieu au Solomon R. Guggenheim à New York. 11-12 jan­vier 1980 : Co-fon­da­tion du parti des Verts à Karlsruhe. 10 novem­bre 1981 : Beuys pré­sente son projet « 7000 Eichen » (7000 chênes) pour la Documenta VII, qui pré­voit de plan­ter 7000 chênes, chacun asso­cié à une colonne de basalte, dans la ville de Kassel et dans ses envi­rons.

Interventions de :

Cyrille Bret (Doctorant en his­toire de l’art contem­po­rain, Université Paris 10) : « Sans-titre » Eric Dayre (ENS) : « Je pense donc je suif » Noura Wedell (ENS) : « Quelle langue pour la confé­rence, quels savoirs, quels effets ? » Patrick Beurard-Valdoye (ENBA) : « Des arts plas­ti­ques aux arts poé­ti­ques : la confé­rence en tant que medium »

http://www.beuys.org/ http://cercc.ens-lyon.fr http://www.enba-lyon.fr/