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Séminaire "Pratiques de la parole", organisé par Violaine Anger avec le CIRRAS

20 Janvier 2021- 19 mai 2021, Séminaire mensuel du CIRRAS 2021

Pratiques de la parole

La pra­ti­que de la parole, sou­vent dans un contexte litur­gi­que, prend des moda­li­tés dif­fé­ren­tes. Elle est sou­vent la base du déve­lop­pe­ment de pra­ti­ques artis­ti­ques ou dra­ma­ti­ques. La fron­tière entre ce que l’on appelle « le parler » et ce que l’on appelle « le chant » n’est plus for­cé­ment aussi per­ti­nente et invite à ques­tion­ner ces caté­go­ries, autant que l’idée même de « parole ». Le tra­vail de pro­non­cia­tion opéré sur la langue est géné­ra­le­ment le fruit d’une réflexion très élaborée sur le phé­no­mène lan­ga­gier lui-même. Le sémi­naire revien­dra sur ces pra­ti­ques en les inter­ro­geant dans leurs dif­fé­ren­ces et leurs impli­ca­tions.

Les séan­ces ont lieu au 54 Bd Raspail le mer­credi à 14h. Elles sont également acces­si­bles par zoom. Il est néces­saire de s’ins­crire auprès de Françoise Quillet fran­coise.quillet2@g­mail.com qui enverra le lien à chaque par­ti­ci­pant.

Mercredi 20 jan­vier - La psal­mo­die. -Violaine Anger

La psal­mo­die est lec­ture des psau­mes, pra­ti­quée de façon régu­lière au cours de la jour­née par les moines d’obé­dience essen­tiel­le­ment béné­dic­tine. L’inter­ven­tion pré­sen­tera les aspects his­to­ri­ques et tech­ni­que de la psal­mo­die (moda­lité, rap­port à la langue latine, accen­tua­tion, ges­tion du souf­fle…) ainsi que son rap­port à la lec­ture et son influence dans l’élaboration du réper­toire musi­cal occi­den­tal. Elle s’achè­vera sur une mise en pers­pec­tive du rap­port entre le son, le texte lu ou connu par cœur et sa dic­tion, indi­vi­duelle ou col­lec­tive.

Mercredi 17 février - Essai d’inter­pré­ta­tion des hymnes conte­nues dans un manus­crit mani­chéen trouvé à Dunhuang. - Lucie Rault

Le Ms S 2639 ras­sem­ble des hymnes d’invo­ca­tion rédi­gées en langue chi­noise ainsi que des priè­res plus cour­tes trans­lit­té­rées de diver­ses lan­gues ira­nien­nes ancien­nes. Ces textes témoi­gnent du mes­sage du pro­phète ira­nien Mani (216-276) dont l’ampleur attei­gnit pen­dant plu­sieurs siè­cles à une portée uni­ver­selle et fut assi­milé en Chine en tant que Religion de Lumière. On s’inter­ro­gera sur la façon dont ce mes­sage com­plexe qui par­ti­cipe d’une reli­gion du Livre, a pu s’adap­ter au monde chi­nois, selon ses concepts par­ti­cu­liers concer­nant à la fois le rôle de la musi­que et sa vision de l’au-delà.

Mercredi 17 mars - La Récitation védi­que. - Michel Angot

La réci­ta­tion védi­que est l’acti­vité sta­tu­taire des brah­ma­nes, les repré­sen­tants éminents de plu­sieurs tra­di­tions intel­lec­tuel­les, reli­gieu­ses et phi­lo­so­phi­ques d’Asie du Sud. Depuis plus de 3000 ans, sans inter­rup­tion, ils ont trans­mis avec une grande fidé­lité les textes com­po­sés par leurs ancê­tres uni­que­ment par voie orale. La trans­mis­sion orale, la seule qui soit reconnue, a été dou­blée par une trans­mis­sion écrite au début du 2e mil­lé­naire (par des non brah­ma­nes). La conser­va­tion impec­ca­ble du texte trans­mis a été rendue pos­si­ble par la mise au point de tech­ni­ques sophis­ti­quées ser­vies par un mode de vie entiè­re­ment dédié à l’appren­tis­sage puis à l’ensei­gne­ment des textes. On dis­pose de témoi­gna­ges actuels de cette tra­di­tion plu­rielle qui se per­pé­tue en Inde, au Népal et à Bali

Mercredi 14 avril - Le Shomyo et ses impli­ca­tions dra­ma­ti­ques. - Frédéric Girard CRCAO-EFEO-PSL.

Le chant litur­gi­que (shōmyō) au Japon apparu au plus tard au VIIIe siècle, a pris des formes pro­pre­ment nip­po­nes à la lisière des XIIe et XIIIe siè­cles alors même que les pra­ti­ques musi­ca­les étaient en prin­cipe condam­nées par les Codes monas­ti­ques mais jus­ti­fiées par tout un ensem­ble d’argu­men­tai­res. Les rituels consis­tant en lec­tu­res psal­mo­diées (kōshiki) en sont des exem­ples repré­sen­tés par les célè­bres Quatre Rituels (Shizakōshiki) du moine Myōe (1173-1232) qui ont des équivalents chez les deux moines Zen contem­po­rains Yōsai (1141-1215) et Dōgen (1200-1253), le sin­gu­lier Rituel de la Lune (Gekkōshiki), œuvre pos­thume du poète et pen­seur Kamo no Chōmei (1153-1216), des­tiné aux poètes censés avoir violé ces Codes. Ils héri­tent en partie de la for­ma­li­sa­tion du chant litur­gi­que par le moine Ryōnin (1073-1132), qui en est le véri­ta­ble fon­da­teur et qui l’a inau­guré au sein de l’école de l’Invocation fusion­nelle du Buddha (Yūzū nen­butsu). Ces pra­ti­ques sont paral­lè­les à celles des chants et danses pré­lu­dant à celles sophis­ti­quées du théâ­tre Nō au XVe siècle. Nous nous atta­chons ici à mettre en évidence les carac­té­ris­ti­ques de ce chant et de ses varia­tions dans les contex­tes qui les ont vu naître et se déve­lop­per...

Mercredi 19 mai - La parole funé­raire chez les Beti du Cameroun. - Kisito Essele

Plusieurs types de prises de parole ont cours dans les céré­mo­nies de décès chez les Beti du Cameroun. Nous en pré­sen­tons deux : le parlé, moda­lité vocale à tra­vers ses deux formes, mono­lo­gale et dia­lo­gue et le lan­gage tam­bou­riné, trans­po­si­tion du lan­gage parlé sur ton tam­bour de bois. Ces prises de paro­les sont struc­tu­ran­tes dans le vécu des céré­mo­nies.