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Publication : "Jack et Jekyll, la dégénérescence en Angleterre, 1880-1914", ENS éditions

Nathalie Saudo-Welby

Préface de Jean-Jacques Lecercle

Collection Signes diri­gée par Eric Dayre, ENS éditions,

En Europe, la fin du XIXe siècle s’accom­pa­gne d’une han­tise du déclin, qui s’est expri­mée en termes de dégé­né­res­cence. Dans des textes alar­mis­tes au contenu par­fois pseudo-scien­ti­fi­que, cer­tains pen­seurs et savants bri­tan­ni­ques s’inquiè­tent de l’usure «  ra­cia­le  » de la nation, du péril héré­di­taire et de la pré­sence insi­dieuse du danger dans le corps social. La connais­sance de ce contexte, marqué par la renais­sance du genre gothi­que, permet de faire sortir de l’ombre des textes inquié­tants et d’appor­ter un éclairage nou­veau sur des romans célè­bres, comme L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, Le por­trait de Dorian Gray, L’île du Dr Moreau, Dracula et la fic­tion de Conan Doyle consa­crée à la figure de Sherlock Holmes.

L’être dégé­né­rant en per­pé­tuelle muta­tion revit un passé per­son­nel, fami­lial et bio­lo­gi­que. Son corps est à la fois étranger et reconnais­sa­ble, mons­trueux et déchif­fra­ble. Certains roman­ciers prô­nent la régé­né­ra­tion, d’autres mélan­gent jusqu’à les confon­dre la mor­bi­dité et la puis­sance, le dégé­néré et le défen­seur social, le malade et le méde­cin, le fou moral et le fou de mora­lité. En créant des êtres si indi­gnes qu’il va devoir les liqui­der, l’écrivain trans­forme la dégé­né­res­cence en créa­tion.

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