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Séminaire BABEL :"La musique contemporaine et les langues"

Séminaire BABEL : « La musique contemporaine et les langues » (responsables : V. Anger (CERCC), A. Bonnet, H. Larbi et F. Nicolas)

http://www.entre­temps.asso.fr/Babel

La musi­que – plus pré­ci­sé­ment cet art musi­cal qui s’assure, via sa propre écriture (sol­fège), d’une res­source logi­que imma­nente - a su, en dif­fé­rents moments cru­ciaux de son his­toire, tirer parti d’un rap­port intime aux lan­gues de son temps pour y puiser de nou­vel­les res­sour­ces, tant objec­ti­ves que sub­jec­ti­ves. Cela fut exem­plai­re­ment le cas autour de Monteverdi et, bien plus tard, autour de Wagner puis de Schoenberg et Debussy (il fau­drait ajou­ter d’autres noms à cette liste de com­po­si­teurs pour qui conti­nuer l’art musi­cal pas­sait par l’inven­tion d’une alliance avec telle ou telle langue). Tout de même, la musi­que dite contem­po­raine de ce début de XXI° siècle a sans doute parti à tirer d’une alliance renou­ve­lée avec les lan­gues du monde en vue de fran­chir le tour­nant majeur dans lequel elle se trouve enga­gée. Pour spé­ci­fier un propos plus géné­ral d’Adorno (« L’art a besoin de quel­que chose qui lui est hété­ro­gène pour deve­nir art »), on dira que la musi­que contem­po­raine a par­ti­cu­liè­re­ment besoin aujourd’hui de se rap­por­ter à quel­que d’hété­ro­gène pour rester art, et que, parmi les hété­ro­gé­néi­tés sus­cep­ti­bles aujourd’hui d’être accueillies par la musi­que en sorte de la féconder, les lan­gues du monde (pour ne pas employer la caté­go­rie trop abs­traite de lan­gage) cons­ti­tuent une can­di­da­ture pri­vi­lé­giée parmi l’ensem­ble des pra­ti­ques sus­cep­ti­bles de jouer ce rôle (qu’il s’agisse alors de la cho­ré­gra­phie, des arts contem­po­rains de l’image et de la plas­ti­cité ou même de formes non artis­ti­ques de pensée…).

De quel­les maniè­res pro­pre­ment contem­po­rai­nes la musi­que peut-elle nouer de nou­veaux types de rap­ports avec les dif­fé­ren­tes lan­gues du monde ? Non pas tant com­ment mettre en musi­que ces lan­gues ou, à l’inverse, com­ment mettre la musi­que en langue (et nul besoin, pour tirer parti de cette orien­ta­tion, de sup­po­ser quel­que conni­vence native entre musi­que et lan­gage), mais plutôt : com­ment modu­ler la musi­que selon telle ou telle langue ? De quel­les res­sour­ces, pro­pres à telle ou telle langue, tirer musi­ca­le­ment parti ? Quelle dia­lec­ti­que pro­pre­ment musi­cale inven­ter entre deux figu­res réci­pro­ques de la même « modu­la­tion » : celle de qui accueille un étranger (et res­pecte son hété­ro­no­mie) et celle de qui accepte d’être un hôte en terre étrangère (et auto­li­mite son hété­ro­no­mie) ? Comment tout ceci a-t-il été déjà pra­ti­qué, ces der­niers temps mais également dans un passé plus loin­tain ? Comment, à ces fins, tirer parti d’une meilleure connais­sance et com­pré­hen­sion des logi­ques dis­cur­si­ves res­pec­ti­ves de la musi­que et de telle ou telle langue ?

Les lan­gues can­di­da­tes à cette nou­velle alliance sont évidemment nom­breu­ses : · lan­gues vivan­tes peu habi­tuées à ce type d’alliance et que le monde actuel nous offre à foison : lan­gues arabe(s) et orien­ta­les, d’Afrique et d’Océanie… ; · lan­gues vivan­tes déjà mobi­li­sées mais avec les­quel­les l’alliance aurait sans doute à être renou­ve­lée : lan­gues d’ori­gine euro­péenne, lan­gues japo­naise et chi­noise(s)… ; · lan­gues mortes dont l’auto­no­mie et la consis­tance tant syn­taxi­que que pho­no­lo­gi­que res­tent suf­fi­sam­ment assu­rées pour oppo­ser quel­que résis­tance à la logi­que dis­cur­sive propre de la musi­que (et ne pas se voir musi­ca­le­ment rédui­tes à une série d’ono­ma­to­pées insi­gni­fian­tes…). Ce sémi­naire vou­drait pri­vi­lé­gier un abord mono­gra­phi­que de ces ques­tions (tout par­ti­cu­liè­re­ment des res­sour­ces que telle ou telle langue peut appor­ter à la musi­que contem­po­raine) plutôt que convo­quer une science géné­rale de ce que lan­gage vou­drait aujourd’hui dire. Il s’adresse tant aux musi­ciens – com­po­si­teurs et inter­prè­tes (en par­ti­cu­lier chan­teurs) – et aux musi­co­lo­gues sou­cieux de créa­tion contem­po­raine qu’aux acteurs (créa­teurs, savants ou sim­ples ama­teurs) de ces diver­ses lan­gues.

Programme détaillé des séan­ces

• 15 octo­bre 2011 - Violaine Anger : Voix, parole, musi­que : généa­lo­gies (ou com­ment abor­der le point tan­gen­tiel qui existe entre le parlé et le chanté…)

• 12 novem­bre 2011- François Nicolas : Quelles consé­quen­ces musi­ca­les tirer du fait que, contrai­re­ment au gré­go­rien, le tajwîd ne se thé­ma­tise pas comme musi­que ?

• 10 décem­bre 2011 – Hacène Larbi : La langue japo­naise…

• 14 jan­vier 2012 – Gérard Abensour : Le russe…

• 11 février 2012 – Séance sur Paul Celan

• 10 mars 2012 - Marjorie Berthomier : Le Sprechgesang…

• 12 mai 2012 - Marc Ballanfat : Le sans­crit…

• 16 juin 2012, 20h30 : Atelier-Concert (Paris, Conservatoire du XIX°)

Fil électronique du sémi­naire