Anoush Ganjipour.
L’avancée considérable des dispositifs de vraisemblance, l’imposante combinaison de l’art et du virtuel, le souci d’archives, la volonté de réalité qui marquent notre temps ont mis la question de « pourquoi la fiction ? » au centre des réflexions poétiques et philosophiques. Cette question, à ses deux extrémités, implique le discours littéraire et le discours historiographique. Pour y répondre, la pensée en Occident fait traditionnellement appel à ses origines grecques. De manière quasiment invariable, la réponse a été recherchée dans un cadre bipolaire et référentiel constitué du réel et du fictionnel. Dans le présent travail, il s’agit de remonter jusqu’aux Grecs, à la recherche d’une pensée de l’art et du fictionnel qui ne se contenterait pas du cadre référentiel. Ainsi, sont repérés les éléments d’une autre lecture grecque qui se trouve être à l’origine de la poétique élaborée au sein de l’islam iranien : une poétique orientale qu’il faut considérer comme un autre devenir de la poétique grecque. À partir des discours théorique, littéraire et historiographique irano-islamiques, il est montré de quelle manière cette poétique orientale exige de penser la fiction dans le cadre d’un schème tripartite : le rapport du réel au fictionnel fait immanquablement entrer en ligne de compte un troisième pôle qu’on appelle la vérité ou le réel de la réalité. D’un point de vue comparatif, le schème tripartite permettra de penser la question de la fiction sous un nouveau jour.
Ouvrage paru le 5 décembre 2014, dans la Collection "Échanges Littéraires" dirigée par Eric Dayre aux éditions Hermann.