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Colloque international "L’arabesque, « le plus spritualiste des dessins » : 9-11 mai 2012

L’Arabesque, « le plus spiritualiste des dessins » (poésie et arts, XIXe-XXe-XXIe s.)

ENS Lyon 9, 10, 11 mai 2012

Colloque orga­nisé par Corinne Bayle, Professeur de lit­té­ra­ture fran­çaise, et Éric Dayre, Professeur de lit­té­ra­ture com­pa­rée, Directeur du Centre d’Études et de Recherches com­pa­rées sur la Création (CERCC)

Si l’accep­tion com­mune de l’ara­bes­que ren­voie à une figure orne­men­tale, dessin, ligne musi­cale, pas de danse, c’est Friedrich Schlegel qui en renou­velle le sens en fai­sant de l’ara­bes­que le cœur de ses théo­ries esthé­ti­ques dans les Fragments de l’Athenäum et l’Entretien sur la poésie qui fon­dent la pensée roman­ti­que(1). L’ara­bes­que devient l’emblème her­mé­neu­ti­que de la poésie, en réa­li­sant la syn­thèse de la diver­sité et de l’unité. Schlegel détourne au profit de la lit­té­ra­ture le motif pic­tu­ral du gro­tes­que avec lequel l’ara­bes­que tend à se confon­dre par synec­do­que, dési­gnant à l’ori­gine un réseau d’éléments végé­taux sty­li­sés, excluant toute forme humaine, enca­drant une image cen­trale pour la mettre en valeur, tandis que le gro­tes­que se rap­porte aux entre­la­ce­ments d’orne­men­ta­tions, telles que des fleurs et des créa­tu­res fabu­leu­ses, décou­verts dans la Domus Aurea à la Renaissance.

Sans faire l’his­to­ri­que de cette notion, ce col­lo­que se pro­pose de réflé­chir à partir de ce moment du Romantisme où la pein­ture lègue le motif à la poésie en dépas­sant le déco­ra­tif vers une signi­fi­ca­tion essen­tielle, exhi­bant la gra­tuité, la liberté, l’ima­gi­na­tion et la supé­rio­rité de l’art sur la nature. Unissant les contrai­res, la courbe et la ligne, l’ara­bes­que donne appa­rence à l’impos­si­ble, se fait chi­mère et allé­go­rie, hié­ro­gly­phe à déchif­frer. Exaltant le bizarre et le fan­tas­que, elle sou­li­gne et trans­cende le hiatus entre le fini du réel et l’infini de l’idéal, visant une har­mo­nie, une pure abs­trac­tion rêvée. De façon réver­si­ble, elle sym­bo­lise l’écriture dans son pou­voir de créa­tion et de recréa­tion inces­sante, mais aussi la lec­ture elle-même, dans ses jeux séman­ti­ques démul­ti­pliés.

Il s’agira de saisir les enjeux de son évolution et de ses trans­fi­gu­ra­tions en réso­nance chez les poètes et les artis­tes majeurs du XIXe siècle (Hugo, Nerval, Gautier, Poe, Baudelaire, Mallarmé, Delacroix, les Orientalistes….) ainsi que ses varia­tions du Romantisme à la Modernité, et de l’Art nou­veau aux Avant-gardes (Dufy et Apollinaire, Cendrars et Delaunay, l’abs­trac­tion russe, Matisse illus­trant Mallarmé, Rilke et Rodin ou encore Valéry, …), sui­vant alors l’inven­tion de la ligne abs­traite à partir de l’Analyse de la Beauté de Hogarth (la « ligne ser­pen­tine ») et jusqu’aux formes héli­coï­da­les ou ellip­soï­da­les des sculp­tu­res d’Anish Kapoor ou du Land art (Spiral Jetty de Robert Smithson), en pri­vi­lé­giant les appro­ches croi­sées de la poésie et de la pein­ture, sans s’inter­dire les déve­lop­pe­ments vers les autres arts, musi­que, danse ou théâ­tre.

(1) Comme l’a montré l’ouvrage d’Alain Muzelle, L’Arabesque. La théo­rie roman­ti­que de Friedrich Schlegel dans l’Athenäum, Presses uni­ver­si­tai­res de Paris-Sorbonne, 2006.

Programme du col­lo­que

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